Barcelone: 41°

Ça fait des mois que je suis revenue de voyage avec l’envie de vous partager l’expérience mémorable qu’a été ce restaurant. Pourtant, je ne vous en parle que maintenant parce que voilà des mois que je rédige cet article, l’efface entièrement, le recommence, l’efface et ainsi de suite… Je voudrais que mes mots expriment à quel point c’est une des expériences culinaires les plus impressionnantes qu’il est possible de faire dans une vie. Malheureusement, il m’est très difficile de trouver ces mots, tellement l’expérience a été indescriptible. Je précise qu’ici, je ne parle pas de repas (bien qu’après 41 bouchées, je n’avais plus faim du tout), mais bien d’une expérience sensorielle.

 

41° est le restaurant d’Albert Adria (frère de Ferran Adria). Pour avoir fait beaucoup de recherches sur Ferran Adria, l’avoir vu en conférence et avoir été tellement émue par son travail, il est certainement un des chefs que j’admire le plus au monde. Pour vous faire un petit résumé du personnage, il a pratiquement inventé la cuisine moléculaire et était chef propriétaire de El Bulli qui a été meilleur restaurant au monde pendant plusieurs années. Depuis, Ferran Adria a décidé de fermer son restaurant pour se consacrer à d’autres projets (entre autres, de la recherche). Quand j’ai su que son frère gagnait encore sa vie dans le milieu de la restauration, la question ne s’est même pas posée, peu importe le prix, j’allais mangé chez 41°.

 

J’ai réservé en ligne la dernière table disponible pour la soirée du 27 août 2013. La salle ne compte que 6 tables de 2 et 1 table de 4, pas besoin de vous dire que c’est vite complet! Déjà à la réservation, il fallait mentionner nos allergies ou intolérances et décider de prendre ou non l’accord mets & vins. Évidemment, j’ai pris la totale pour mon copain et moi en fermant les yeux sur le montant de la facture, j’ai effectué un dépôt et j’ai attendu cette soirée pendant plus d’un mois.

 

À notre arrivée, le maître d’hôtel nous a dirigé à notre table. Chaises, banquettes et tables en cuir noir, éclairage tamisé et décor éclectique. Déjà, on cherche nos repères. Comme la commande et les particularités ont déjà été mentionnées en ligne, le service commence directement par un cocktail de bienvenue. Par la suite de petites assiettes noires et de fines pinces comme celles utilisées dans les cuisine de restaurants aussi minutieux que celui-ci sont déposées devant chacun de nous.

 

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Par la suite, des bouchées et des cocktails se sont enchaînés. À chaque service, 1 à 3 bouchées nous étaient servies. À chacun, le serveur nous expliquait la composition de saveurs des bouchées et nous expliquait comment les manger. Parfois, c’était avec les doigts, parfois avec les pinces… Pinces avec lesquelles nous n’étions vraiment pas doués. Mangez ceci d’abord, rincez-vous la bouche avec cela ensuite. Retournez ceci. Roulez cela. Faites éclater ceci contre votre palais à l’aide votre langue. Faites glisser ceci dans votre bouche. Pressez la lime directement dans votre bouche. Reconstruisez cette sardine en déposant un de ses filets sur son squelette sous forme de chips. Bref, tous nos sens ont été en éveil pendant ce repas. À chaque bouchée, c’était une nouvelle expérience, une nouvelle sensation.

 

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Chacune des bouchées était présentée de façon originale. On a eu droit à un pot de fleurs dans lequel se cachait des fleurs comestibles cristallisées, des assiettes sur lesquelles étaient reproduits des fonds marins ou des paysages d’hiver, des tartes au citron servies dans des papiers comestibles et de la crème glacée faite devant nous à l’aide d’azote liquide et servie dans une noix de coco. Il y a aussi eu des bouchées servies sur des bâtons de bois, des feuilles, des épis de maïs grillés, etc.

 

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En plus des quelques cocktails compris dans le menu qui étaient des chefs-d’œuvres de mixologie, l’accord mets & vins nous a permis de découvrir plusieurs beaux produits. Nous avons eu droit, entre autres, à un vin orange de Savannières, un champagne Moët & Chandon « Grand Vintage 2004 », un vin allemand, un saké, une bière du Danemark, un Xérès et un Muscatel. Chacun des vins accompagnait environ 3 services pendant lesquels ils nous étaient servis à volonté jusqu’au vin suivant. Avec en moyenne 2 bouchées par service, le défi était de taille et la sommelière Cristina Losada l’a effectué avec brio. Chacun des vins formait le parfait équilibre / parfait accord avec chacune des bouchées aussi différentes soient-elles! Je vous avoue que j’ai été plus qu’impressionnée.

 

Ce souper a duré plusieurs heures. Plusieurs heures pendant lesquelles j’ai été émerveillée, conquise, réjouie, déstabilisée et j’en passe! C’est sincèrement une expérience à faire dans une vie et bien que maintenant, plusieurs mois après, quelques détails des plats s’estompent ou deviennent vagues, mes impressions sur l’expérience sont toujours aussi nettes. Il y a par contre deux phrase que je n’oublierai jamais: « Tout ce mange, même le papier » et « Voici un plat qui a été servi à El Bulli en 2003 ». J’étais comblée.

 

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La question qu’on me pose le plus souvent c’est le prix de tout ça. 265 euros par personne. Ça valait la peine? J’aurais été prête à payer 100 euros de plus pour une expérience comme celle-là.

 

Bref, j’ai réussi à terminer mon article et cette fois, je le publie même si je ne vous ai résumé que très grossièrement l’expérience. Je vous ai parlé de quelques présentations, de quelques bouchés, des vins, mais pas des chocolats en forme de noyaux de pêches, du prosciutto vieilli 5 ans, des verres remplis de fumée dans lesquels il fallait verser et boire nos cocktails, du cocktail qu’il fallait écouter, de ce qui pétillait sur la langue, … J’aurais beau rédiger des kilomètres de mots, le texte ne serait jamais complet alors je vous résume et je vous dis: « Allez-y, ça vaut la peine. Vraiment ».

 

 

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1 commentaire

  • Répondre novembre 20, 2013

    Linda

    Merci pour ce feedback, je fais passer l’info :)

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